Juste au-delà du continent
Portée par la force des courants
Elle est la fille de l'océan
L'abri de tous les goëlands
La prière des marins d'antan

Tout au bout de la terre
Presqu'au bout de l'enfer
Les yeux sont pleins de vent
Les sables émouvants
La mer sur les brisants
La bouche a goût de sel
Quand le phare étincelle
Qui voit Sein... voit sa fin !
 

Cauchemar né d'un autre âge
Quand tombe la nuit sur la lande
A ce que dit la légende
L'île sur sa côte sauvage
Allume les feux du naufrage

Quelques vagues plus loin l'Armen
Fait taire la rumeur assassine
Son sillage lumineux ramène
Au droit chemin ceux qui peinent
Pêcheurs ou gars de la marine

Si l'île se refuse à la nuit
Elle s'offre dès l'aube qui blanchit
Pour mieux détrousser en artiste
Le flot continu des touristes
Au teint rouge de homard bien cuit

 

 

 

 

 

 

L'île dévoile sa beauté
D'une manière bien singulière
En rougissant les soirs d'été
Quand les bateaux reviennent chargés
Sous un nuage d'oiseaux de mer

Et pourtant l'île revient de loin
Le bout du monde a la vie dure
Demande un peu à ses îliens
Ce qu'ils appellent un temps de chien
D'hiver cinglant sous la torture

Mais il faut  survivre aux tourments
Des vagues qui vous fouettent
Sous les hurlements de tempête
Quand s'effacent les cris de mouettes
Et claquent les volets au vent

Et c'est à la pointe du Van
Sur la falaise du continent
Dans la chapelle de granite
A l'abri de l'eau non bénite
Qu'ils confient leurs âmes de marin
D'hommes de rien face au destin...